- ANTHOZOAIRES
- ANTHOZOAIRESCréé par Ehrenberg en 1833, le terme d’Anthozoaire évoque les «animaux ( 﨣諸礼益) en forme de fleurs ( 見益礼﨟)» dont les anémones de mer ou les coraux sont des exemples. Qu’ils soient solitaires ou groupés en colonies, les individus, qu’on nomme polypes, présentent l’aspect d’un cylindre creux surmonté de tentacules urticants et fermé à la base par un disque assurant la fixation sur divers substrats: rochers, épaves, coquillages.Leur corps en forme de sac renferme une cavité unique, la cavité gastro-vasculaire, tapissée de cellules venimeuses, les cnidocytes, et de cellules sécrétrices d’enzymes digestifs. Des cloisons issues de la paroi du corps subdivisent la cavité gastrovasculaire en loges. Celles-ci communiquent avec les tentacules qui sont creux. Les cloisons contiennent des muscles longitudinaux, permettant la rétraction du polype ; elles renferment aussi des cellules reproductrices.La paroi du corps, entre ses revêtements interne (endoderme) et externe (ectoderme), est constituée par une matière gélatineuse, la mésoglée. On y trouve un réseau diffus de cellules nerveuses se ramifiant jusque dans les cloisons de la cavité gastrovasculaire.Chez les formes constituant des colonies, les polypes communiquent les uns avec les autres par des canalicules. L’ensemble est soutenu par un squelette. Lorsque celui-ci est imprégné de calcaire, les colonies peuvent constituer de vastes massifs: des récifs coralliens ont été construits à l’ère primaire par des Anthozoaires fossiles, les Tétracoralliaires et les Tabulés, cependant que d’autres coraux édifient aujourd’hui la spectaculaire Grande Barrière le long des côtes orientales de l’Australie.La reproduction des Anthozoaires se fait, soit par bourgeonnement ou par scissiparité, notamment dans le cas des formes coloniales, soit par des œufs qui sont fécondés dans la cavité gastrique. Les jeunes larves, nommées planulas , sortent du polype qui les a engendrées en nageant à l’aide des cils de leur revêtement ectodermique. Le développement ne comporte jamais de formes méduses.Des algues microscopiques (Zooxanthelles) sont abritées dans les tissus des polypes où elles vivent en symbiose, fournissant à ceux-ci de l’oxygène mais utilisant les matériaux azotés et phosphorés qu’ils excrètent. On rattache les Anthozoaires aux Hydrozoaires (qui s’en distinguent par l’absence de cloisons gastro-entériques) et aux Scyphozoaires. Ces trois classes forment l’embranchement des Cnidaires, autrefois réunis aux Cténaires sous le nom de Cœlentérés.Avec Hyman (1940) on peut distinguer chez les Anthozoaires actuels deux sous-classes: les Hexacoralliaires (ou Zoanthaires) et les Octocoralliaires (ou Alcyonaires).Les Tabulés fossiles sont rangés dans une autre sous-classe.1. Particularités biologiquesLe polype, unité anatomique et biologiquePour concrétiser la description de cette unité anatomique, caractéristique des Anthozoaires, on choisira l’exemple des anémones de mer qui peuplent toutes les mers du globe. Leur corps, assez volumineux en général, est surmonté de plusieurs cycles de tentacules. Le plus interne (qui est aussi le plus ancien) en possède toujours six, les autres, un multiple de six (parfois de sept ou de huit). De forme conique, ces tentacules peuvent être lisses ou pennés (fig. 1).Colonne, disque pédieux et tentacules sont recouverts, sur leur face externe, par un épiderme composé de cellules diverses: ciliées, glandulaires, muqueuses, urticantes, nématocytes; les cellules sensorielles sont abondantes.Il n’y a pas de squelette, sauf chez quelques espèces dont le disque pédieux est recouvert d’une cuticule.La cavité générale s’ouvre à l’extérieur par le pharynx qui est une zone ectodermique invaginée. Il est parcouru par une gouttière longitudinale (siphonoglyphe), ou deux si l’espèce est plus évoluée; dans ce cas, elles sont opposées l’une à l’autre, déterminant ainsi deux plans et un axe de symétrie au lieu d’un seul plan chez les formes primitives (fig. 2).Les cloisons (septes) sont dites complètes lorsque leur partie supérieure se soude au pharynx. On en compte classiquement 12. Les loges ainsi formées sont encore subdivisées en interloges par des septa incomplets. Sous le pharynx, le bord interne de tous les septa flotte librement dans la cavité gastrique. Il est constitué par un bourrelet mésentéroïde comprenant 3 zones cellulaires distinctes (fig. 3). On retrouve ces 3 types cellulaires dans tout le gastroderme, tissu d’origine endodermique qui tapisse toute la cavité gastrique et la face ventrale des tentacules.Reproduction et développementLa reproduction asexuée des Anthozoaires n’est active que chez les espèces coloniales. Toutefois, quelques Anémones sont susceptibles de donner naissance à de véritables clones d’individus par fragmentation de leur corps: scissiparité transversale (Gonactinia ) ou longitudinale (Anemonia , Metridium ); lacération pédieuse chez de nombreux genres; bourgeonnement tentaculaire (Boloceroides ). Corrélativement, les Anthozoaires possèdent un pouvoir de régénération très intense.La reproduction sexuée fait intervenir les cellules interstitielles du gastroderme qui se différencient en gamètes et s’assemblent en gonades au niveau des cloisons de la cavité gastro-vasculaire. Les sexes sont généralement séparés; la fécondation est externe ou interne. Le développement embryonnaire conduit à l’élaboration d’une larve ciliée (planula) qui assure la dissémination de l’espèce. Dans la majorité des cas, une phase planctonique relativement longue (plusieurs semaines) assure une large distribution et permet la colonisation de nouveaux substrats; au cours de cette phase pélagique, les larves sont autonomes sur le plan trophique, soit parce qu’elles sont capables de s’alimenter (Cerianthus ), soit parce qu’elles disposent de réserves vitellines importantes (Tealia ); plus rarement (Peachia ), les larves sont disséminées par diverses méduses aux dépens desquelles elles vivent en parasites.Chez les Anémones, plus particulièrement chez les espèces à répartition septentrionale ou profonde, se manifeste une tendance à l’incubation des embryons. Ceux-ci sont maintenus dans la cavité gastro-vasculaire (Actinia , Urticina ) ou dans des dépressions de la paroi du corps communiquant avec l’extérieur (Epiactis , Marsupifer ). L’incubation peut se prolonger jusqu’à la métamorphose, la mère libérant alors de jeunes Anémones capables de se fixer immédiatement (Bunodactis ).Vie associéeLe substrat choisi par les larves d’Anthozoaires au moment de leur métamorphose est généralement bien défini. Dans quelques cas, ce choix s’exerce sur des substrats vivants: les larves de Parazoanthus axinellae sont généralement inféodées à des éponges, celles de l’Alcyonide Erythropodium se développent sur les colonies de gorgones du genre Paramuricea. Chez diverses Anémones, le choix s’exerce en faveur d’espèces mobiles (Mollusques, Crabes, Pagures) et conduit àdes associations de caractère plus ou moins strict. Plus de cinquante «couples» associés ont été décrits, mais bien peu ont fait l’objet de vérifications expérimentales. Trois cas peuvent se présenter (Ross, 1974):– l’Anémone, sensible à une substance présente dans le tégument de son hôte, se fixe elle-même sur lui;– le Crabe ou le Pagure détachent l’Anémone et la fixent eux-mêmes sur leur carapace;– les deux espèces coopèrent pour assurer le transfert de l’Anémone sur un nouvel hôte.Les avantages réciproques découlant de telles associations semblent clairs; l’exemple le plus étonnant est sans doute celui de l’Anémone Adamsia palliata associée au Pagure P. prideauxi sur les côtes européennes: le corps de l’Anémone s’étale sur la coquille habitée par le Pagure et finit par la recouvrir totalement comme les deux pans d’un manteau; sa couronne tentaculaire est située sous les pièces buccales du Pagure.Celui-ci est immunisé contre le venin de sa compagne et bénéficie incontestablement de la protection qu’elle lui assure contre les prédateurs; en échange, l’Anémone se nourrit directement des reliefs de ses repas.Peu d’animaux s’attaquent aux Anthozoaires: leurs principaux prédateurs sont des Mollusques Nudibranches et quelques Étoiles de mer; les parasites sont peu fréquents et cantonnés essentiellement aux Crustacés Copépodes. Curieusement, l’appareil urticant des Anthozoaires reste inactif contre ces hôtes indésirables, comme si leur revêtement tégumentaire n’était pas reconnu comme «étranger» par les récepteurs tentaculaires. Le même phénomène permet à d’autres espèces aux mœurs plus pacifiques (tels les poissons-clowns et diverses crevettes) de s’abriter impunément dans la couronne tentaculaire d’Anémones réputées très venimeuses [cf. SYMBIOSE].La nutritionComme tous les Cnidaires, les Anthozoaires se nourrissent par prédation. La robuste couronne tentaculaire des Anémones leur permet de capturer des proies de taille importante (Poissons, Crustacés); les Coraux et les Octocoralliaires se nourrissent aux dépens d’animalcules planctoniques. Chez quelques espèces littorales (Metridium ) et chez la plupart des Anémones abyssales, la nutrition microphage remplace la prédation; les tentacules, frangés et ciliés, drainent vers la bouche les particules en suspension dans l’eau de mer.En outre, de nombreux Anthozoaires hébergent dans leur endoderme des algues microscopiques (Zooxanthelles) appartenant aux Dinophyceae (Péridiniales) avec lesquelles s’établit une authentique symbiose. L’étude expérimentale de cette association (Muscatine, 1961) a permis de montrer:– que des substances organiques produites par l’algue au cours de son activité photosynthétique sont transférées à l’hôte. Ce sont notamment du glycérol, du glucose et quelques acides aminés (alanine) que le Cnidaire incorpore dans ses tissus (lipides, protéines), voire dans son propre squelette;– que l’algue «recycle» les déchets du métabolisme de l’hôte (CO2, azote, phosphore);– que l’activité photosynthétique de l’algue accélère le dépôt de carbonate de calcium dans le polypier.Système nerveux et sensibilitéComme chez tous les Cnidaires, le système nerveux est rudimentaire, constitué d’un réseau mésogléen de protoneurones, dépourvu de concentrations ganglionnaires et de centres coordinateurs. Aucun organe sensoriel n’a jamais été décrit, mais la paroi du corps renferme des cellules spécialisées, connectées avec le réseau nerveux, et qui sont le siège de sensibilités particulières: chimiosensibilité notamment au niveau des tentacules et du gastroderme, photosensibilité au niveau de la paroi de corps, sensibilité tactile... La stimulation de ces récepteurs déclenche quelques réactions réflexes appropriées: mouvement des tentacules et ouverture de la bouche lors de la prise alimentaire, rétraction du polype sous l’effet d’une stimulation lumineuse.LocomotionLes Anthozoaires sont tous sédentaires et, pour la plupart, fixés définitivement au substrat. La locomotion n’est possible que chez quelques espèces.Chez les Pennatules et les Anémones psammicoles la pénétration dans le sédiment se fait grâce à des mouvements péristaltiques du pédoncule; ces mouvements résultent d’une activité musculaire pariétale conjuguée avec une augmentation de la pression hydrostatique de la cavité, sans que l’on sache clairement si la circulation des fluides déterminée par les siphonoglyphes est suspendue ou non pendant l’opération.La plupart des Anémones sont capables de ramper très lentement (quelques cm/h) sur le substrat par contraction de leur disque pédieux. Plus rarement, elles se décollent de leur socle et basculent à l’aide de leurs tentacules pour se fixer sur un substrat plus convenable (Anémones commensales à la recherche de leur hôte habituel). Quelques espèces enfin sont capables de fuir devant leurs prédateurs (Étoiles de mer et Nudibranches) et de nager soit par ondulations du corps, soit par contractions rythmiques de la couronne tentaculaire. Dans le genre Minyas , le disque pédieux est transformé en un flotteur rempli de mucus et de gaz, et l’animal mène une vie pélagique.2. ClassificationPrésents dans les gisements fossilifères qui ont livré les Métazoaires les plus anciens que l’on connaisse (site d’Ediacara en Australie, daté de 漣 600 à 漣 700 millions d’années environ), les Anthozoaires sont représentés dans la faune actuelle par deux sous-classes très prospères, les Hexacoralliaires (ou Zoanthaires) et les Octocoralliaires (ou Alcyonaires); une troisième lignée, les Tabulés, est restée cantonnée aux mers paléozoïques.La disposition des cloisons des polypes et la nature du squelette sécrété par l’animal permettent de distinguer les principaux groupes.Les Octocoralliaires (ou Alcyonaires)Ces Anthozoaires très diversifiés, tous coloniaux, fréquentent essentiellement les mers chaudes. Quelques genres (Eunicella , Alcyonium ) atteignent les côtes de la Manche et de l’Atlantique nord.La structure des polypes est relativement simple et uniforme: pharynx pourvu d’un seul siphonoglyphe, présence de huit cloisons complètes dans la cavité gastro-vasculaire et d’une couronne de huit tentacules pennés autour de la bouche (d’où leur nom).Les colonies ont un aspect très varié: stolons, tapis charnus, arbuscules minéralisés. Leur consistance est liée soit à un phénomène de turgescence (Pennatulides), soit aux spicules élaborés dans la mésoglée par des cellules spécialisées ou scléroblastes (Alcyonides), soit à une sécrétion ectodermique (Gorgonides).Les Stolonifères édifient des colonies rampantes (par exemple, Clavularia ) dont les individus bourgeonnent à partir d’expansions de la cavité gastro-vasculaire qui se répandent en stolons sur le substrat. Toutefois, chez l’Orgue de mer (Tubipora musica , pl. II, 3), les spicules mésogléens se soudent en un squelette coloré qui emprisonne polypes et stolons: les premiers sont isolés dans de longs tuyaux parallèles, réunis entre eux par le squelette des seconds. L’apparition de plusieurs réseaux stoloniaux superposés confère à l’ensemble une «superstructure architecturale» caractéristique.Les Alcyonides sont relativement proches des précédents. Toutefois, leurs longs polypes sont noyés dans une mésoglée commune truffée de spicules calcaires isolés. L’ensemble prend l’aspect d’une masse charnue et coriace d’où émergent les couronnes tentaculaires des polypes.Les Coraux bleus (Heliopora ) se distinguent des Alcyonides par leur squelette calcaire massif.Les Gorgonides s’organisent en colonies arbusculaires, dressées plus ou moins ramifiées et flexibles. Celles-ci peuvent dépasser deux mètres et constituent l’un des éléments les plus spectaculaires des fonds sous-marins en zone tropicale (pl. II, 4 et 6).Le squelette de la colonie est constitué d’une substance protéique, la gorgonine, déposée à l’extérieur des polypes qui l’entourent d’un manchon vivant. En dépit de sa situation «ectodermique», l’axe squelettique des gorgones peut être parsemé de spicules d’origine mésogléenne; il est en outre plus ou moins imprégné de calcaire.On isole parfois des Gorgones stricto sensu les Corallides , dont le squelette est entièrement calcifié. Le corail rouge des bijoutiers (Corallium rubrum ) appartient à ce groupe (pl. I, 5). Sa répartition est circumméditerranéenne; la pêche intensive et la pollution ont sérieusement fait régresser cette espèce que les joailliers de l’Antiquité utilisaient déjà.Les Pennatulides , ou «plumes de mer», constituent des colonies charnues, turgescentes, fichées dans les sédiments meubles. Elles sont connues des eaux littorales (Veretillum , pl. II, Pennatula , Pteroides ) aux plaines abyssales (Umbellula ).Les colonies présentent plusieurs types de polypes: un très grand polype axial fixe l’ensemble au substrat et supporte des polypes secondaires. Parmi ceux-ci, des individus spécialisés, dépourvus de tentacules, assurent la circulation de l’eau et maintiennent la turgescence de la colonie grâce à leur puissant siphonoglyphe.Les Hexacoralliaires (ou Zoanthaires)Contrairement aux Octocoralliaires, les Hexacoralliaires sont morphologiquement peu diversifiés (pl. I), mais la structure de leurs polypes est très variable dans le détail (nombre et disposition des cloisons). Toujours différent de huit, ce nombre est, en principe, un multiple de six. La mésoglée est toujours dépourvue de spicules.L’ensemble comprend au moins huit ordres, dont un entièrement fossile (Tétracoralliaires). Anémones de mer (Actinides) et Coraux vrais (Madréporaires ou Scléractinides) sont les plus importants.Les Actinides , ou Anémones de mer, renferment des espèces solitaires, de grande taille, dépourvues de squelette et fixées au substrat par une sole pédieuse adhésive, plus rarement fichées dans le sable (Halcampa , Peachia ).Connus des horizons supérieurs de la zone des marées (Actinia ) jusqu’aux profondeurs abyssales (Galatheanthemum ), ces prédateurs efficaces se sont adaptés à une gamme très vaste de biotopes. La diversité de leurs modes de vie sera exposée ultérieurement (cf. infra , chap. 3).Les Scléractinides , ou Coraux vrais, sont apparentés aux Anémones de mer dont ils diffèrent par leur possibilité de sécréter un squelette calcaire d’origine ectodermique, le polypier. De nombreuses espèces sont coloniales et les sécrétions des individus issus les uns des autres par bourgeonnement constituent des polypiers caractéristiques, massifs ou dressés, plus ou moins ramifiés suivant les espèces et les conditions écologiques (pl. II, 2).Essentiellement cantonnés dans les eaux chaudes limpides et bien oxygénées, les Scléractinides sont capables d’édifier de gigantesques constructions récifales propres aux mers intertropicales [cf. RÉCIFS]. Les espèces les plus actives prospèrent à de faibles profondeurs (moins de 40 mètres), mais on connaît des coraux circalittoraux et même bathyaux (Lophelia ); les espèces abyssales, comme les espèces septentrionales (Caryophyllia , Leptopsammia , pl. I, 3) sont solitaires et ont une croissance lente.La structure du polypier, qui se moule autour des parties vivantes de l’animal, est très complexe. Les éléments de la muraille (thèque, épithèque, sole) sont reliés entre eux par des travées squelettiques rayonnantes (septes, côtes...). La sécrétion du calcaire se fait de telle façon que le polype est toujours refoulé vers le haut du polypier, murailles et septes conservant la même épaisseur.Le polypier est constitué d’une trame organique (protéines associées à de la chitine et à des muco-polysaccharides) dans les mailles de laquelle se forment des cristaux d’aragonite, qui est une forme de concrétion du carbonate de chaux (CaCo3). La formation de ce minéral calcique et sa précipitation dépendent, notamment, de la concentration du milieu en bicarbonates, de la pression partielle de C2 et du pH. À pH élevé, l’extraction du dioxyde de carbone augmente la déstabilisation des bicarbonates en carbonates et favorise la précipitation de ceux-ci (Simkiss, 1964). Les bicarbonates sont d’origine mixte, exogène et endogène; le calcium est prélevé dans l’eau de mer. La baisse de la pC2 dépend, dans une large mesure, de l’activité photosynthétique des Zooxanthelles (algues microscopiques) hébergées dans les cellules du polype. Mais s’il est établi que les symbiotes favorisent grandement la calcification du polypier, il n’est pas certain qu’ils agissent uniquement en abaissant la pC2.Les autres ordres actuels d’Hexacoralliaires renferment peu d’espèces. Les unes sont coloniales, reliées par des stolons (Zoanthides ) ou dressées (Antipathides ). Le squelette de ces dernières, noir et épineux, évoque un peu celui des Gorgones.Les autres sont solitaires, plantées dans le sable (Edwardsiides ) ou enfermés dans un tube muqueux (Cérianthides , pl. I, 1).TétracoralliairesOrdre d’Anthozoaires entièrement fossiles qui a occupé toutes les mers du monde depuis l’Ordovicien jusqu’à la fin du Permien, soit pendant 400 millions d’années. Les polypes, solitaires, sécrétaient un épais squelette calcaire caractérisé par l’existence de 4 septes disposés en croix, d’où le nom de l’ordre. Mais l’étude des formes jeunes a montré qu’il y en avait réellement six, faisant ainsi de ces animaux de véritables Hexacoralliaires.Un Tétracoralliaire (fig. 4) a extérieurement l’aspect d’une corne incurvée de 1 cm de diamètre sur 4 cm de long en moyenne. La partie large (apex) présente parfois la trace de bourgeons qui formaient ainsi avec leur géniteur une petite colonie enfermée dans un même squelette. La surface externe du polypier est striée longitudinalement (ligne d’insertion des septes). Il était fermé en haut par un opercule.Les paléontologistes discutent de leur origine, et en particulier de leur filiation avec les Tabulés.Ils apparaissent en Amérique du Nord au milieu de l’Ordovicien, puis gagnent l’Europe à la fin de cette période. Leur expansion biologique et géographique est maximale au Dévonien. Ils s’éteignent sans descendance à la fin du Permien, laissant de nombreux récifs fossiles.3. Les TabulésCet important groupe d’Anthozoaires fossiles est considéré comme une sous-classe distincte des Hexacoralliaires et des Octocoralliaires. Ils sont connus de l’Ordovicien moyen au Carbonifère inférieur. Ce sont les premiers coraux véritables à posséder un squelette et à former des colonies.Les traits essentiels de leur anatomie sont l’absence de septes (quand ils existent, ils sont réduits à l’état d’épines) et l’existence de plaques calcaires horizontales, les tables, dont le pourtour est soudé à la paroi interne de la thèque. Les polypes étaient serrés les uns contre les autres et les thèques qu’ils ont sécrétées ont pris une forme prismatique. Elles communiquent entre elles par des pores de leurs parois.Plusieurs familles apparaissent en même temps, mais c’est avec la famille des Favositidés qu’ils atteignent leur apogée au Silurien, époque pendant laquelle ils édifient de nombreuses formations récifales. Dans la compétition biocénotique qui les oppose aux Tétracoralliaires pour la conquête des domaines marins, les Tabulés abandonnent peu à peu la place et disparaissent totalement au Carbonifère inférieur.4. Ébauche d’une phylogenèseSi nous replaçons les Anthozoaires dans l’ensemble des Cnidaires, une constatation vient immédiatement à l’esprit: ces animaux passent toute leur vie au stade de polype qui, dans l’ontogenèse des autres Cnidaires, n’est qu’un stade transitoire considéré comme larvaire. On peut donc supposer que les Anthozoaires sont phylogénétiquement peu évolués. La paléontologie contribue à affermir cette hypothèse. La plus ancienne anémone connue, Mackenzia , du Cambrien moyen, est structuralement très proche d’une anémone actuelle, Edwardsia .À l’intérieur de l’embranchement, on distingue trois lignées évolutives. La première conduit des Antipathidés aux Cérianthaires. À propos des premiers, il est bon de noter qu’ils furent longtemps considérés comme des Anthozoaires ayant secondairement dégénéré. Finalement, les zoologistes s’accordent à les reconnaître comme les Anthozoaires vivants les plus primitifs. Dans la deuxième, celle des Alcyonaires, les Gorgonidés et les Pennatulidés dérivent des Alcyonidés. La dernière lignée présente, à sa base, les Zoanthidés. Bien que leur position phylogénétique soit, par ailleurs, difficile à préciser, l’existence du stade Edwardsia au cours du développement permet de les placer à la base de la grande radiation évolutive anémones - madrépores, dans laquelle on rencontre les stades Edwardsia et Halcampoides , ce qui justifie précisément le rapprochement de ces deux ordres.Hyman (1940) a proposé une phylogénie qui est encore acceptée à l’heure actuelle. Pourtant, un autre travail de Hand (1966) remet en question la filiation classique actinies - madrépores qui considère les anémones comme des coraux primitifs. Se fondant principalement sur l’ontogenèse des cloisons dans les deux ordres, cet auteur affirme que ce sont les Madréporaires qui ont donné les Actiniaires, d’une part, et que, d’autre part, les genres Edwardsia et Halcampoides ne sont pas des genres primitifs (au sens évolutif), mais qu’ils sont restés fixés à un stade ontogénétique jeune. Il devient alors impossible de les placer à la base de l’évolution phylogénétique des Actiniaires et des Madréporaires comme le propose Hyman.• 1838; du gr. anthos « fleur » et -zoaire♦ Zool. Classes de cœlentérés comprenant les coraux et les anémones de mer. Au sing. Un anthozoaire.anthozoairesn. m. pl. ZOOL Superclasse de cnidaires comprenant les octocoralliaires (corail des bijoutiers) et les hexacoralliaires (actinies, madréporaires).— Sing. Un anthozoaire.anthozoaires [ɑ̃tɔzɔɛʀ] n. m. pl.ÉTYM. 1838; de antho-, et -zoaires.❖♦ Zool. Une des classes de l'embranchement des cnidaires, animaux marins à formes de polypes, comprenant les tétracoralliaires, les hexacoralliaires et les octocoralliaires (⇒ Coralliaires). — Au sing. || Un anthozoaire.0 Toutes ces émotions, sa colère à laquelle elle n'était pas habituée, ses façons de se conduire avec brutalité, d'arriver à être jalouse même d'un anthozoaire (…) de lancer des poissons-volants en pleine tempête, tout cela avait abattu Géraldine (…)Jean Cayrol, Histoire de la mer, p. 185.
Encyclopédie Universelle. 2012.